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Francis Lalanne et la trahison du Traité de Lisbonne : le cri d’alarme d’un artiste face à la dérive démocratique

Plus de quinze ans après la ratification du Traité de Lisbonne, un débat que beaucoup pensaient clos refait surface. Le chanteur, écrivain et militant Francis Lalanne relance aujourd’hui la question de la légitimité juridique et politique de ce traité, qu’il qualifie de véritable trahison nationale.
Dans son ouvrage Mise en demeure, l’artiste met en cause l’ensemble du processus ayant conduit à son adoption, et accuse les dirigeants français d’avoir piétiné la souveraineté populaire au profit d’un pouvoir supranational installé à Bruxelles. Au-delà de la polémique, son appel soulève une question fondamentale : la France a-t-elle renoncé, sans le dire, à son indépendance politique ?

Un traité imposé contre la volonté du peuple

Tout commence en 2005. À l’époque, les Français sont invités à se prononcer par référendum sur le projet de Constitution européenne. Le verdict est sans appel : près de 55 % des électeurs rejettent le texte. Ce rejet massif devait logiquement clore la discussion. Pourtant, trois ans plus tard, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, une nouvelle version du texte – le Traité de Lisbonne – est soumise non pas au peuple, mais au Parlement.


Cette fois, l’issue est différente : le traité est adopté par voie parlementaire, sans consultation directe des citoyens. Pour Francis Lalanne, cette décision constitue une rupture majeure avec l’esprit démocratique. Elle a, selon lui, transformé un refus populaire en assentiment politique, au mépris du suffrage universel.

Mais le chanteur va plus loin : il affirme que la ratification elle-même est entachée d’illégalité. En effet, les sénateurs ayant voté la révision constitutionnelle préalable à l’adoption du traité auraient, pour certains, exercé leur mandat au-delà de la durée légale. « Comment peut-on modifier la Constitution avec des élus dont le mandat est échu ? » interroge-t-il. Pour lui, ce vice de forme suffit à invalider le vote et, par conséquent, à rendre caduc l’ensemble du processus de ratification.

Un coup d’État juridique silencieux

Francis Lalanne parle d’un « coup d’État juridique », c’est-à-dire d’une prise de pouvoir institutionnelle opérée sans violence, mais en dehors du cadre constitutionnel.
Son analyse est implacable : le traité de Lisbonne a redéfini la hiérarchie des normes, plaçant le droit européen au-dessus du droit national, et reléguant la Constitution française à un rang subordonné.
Autrement dit, la République aurait cessé d’être souveraine dans ses propres décisions législatives et économiques.

Derrière cette évolution juridique, l’artiste voit une logique politique : celle d’une oligarchie technocratique ayant confisqué la démocratie pour imposer un modèle de gouvernance uniforme à tous les États membres.
Ce système, dit-il, ne laisse plus aux peuples qu’un rôle d’approbation passive, tandis que les véritables choix sont dictés par des institutions non élues, comme la Commission européenne ou la Banque centrale européenne.

Sarkozy, Hollande, Macron : la continuité d’un projet de soumission

Si Nicolas Sarkozy est au cœur de la critique, Francis Lalanne estime que ses successeurs ont prolongé et aggravé cette dérive. François Hollande, en consolidant les politiques économiques européennes, puis Emmanuel Macron, en se posant comme le champion du fédéralisme, auraient poursuivi le même objectif : dissoudre la souveraineté française dans une entité supranationale technocratique.
Ce processus, affirme-t-il, a vidé la démocratie nationale de sa substance. Le Parlement français n’est plus qu’une chambre d’enregistrement, incapable d’infléchir des politiques déjà décidées à Bruxelles.

Pour Lalanne, ce mouvement d’intégration forcée ne vise pas une Europe des peuples, mais une Europe des marchés.
La libéralisation du travail, la privatisation des services publics et la dépendance accrue aux institutions financières européennes auraient progressivement affaibli l’État-nation au profit des grandes puissances économiques.
Ainsi, selon lui, la France a perdu non seulement son autonomie politique, mais aussi son modèle social, conquis de haute lutte depuis l’après-guerre.

Une élite politico-médiatique complice du silence

L’autre volet de la dénonciation de Francis Lalanne concerne les médias. Il leur reproche d’avoir passé sous silence ce qu’il considère comme l’une des plus grandes forfaitures politiques de la Ve République.
Selon lui, la presse dominante aurait contribué à anesthésier le débat public en présentant le projet européen comme une évidence historique, un horizon indépassable.
Résultat : toute critique de l’Union européenne est immédiatement disqualifiée, assimilée à du populisme ou à un repli nationaliste.

Cette omerta médiatique, dit-il, empêche les citoyens de comprendre les véritables enjeux de la construction européenne. Les Français, déconnectés des décisions qui les concernent, vivent dans une illusion démocratique où le vote ne change plus la direction politique du pays.
Dans ce contexte, Lalanne plaide pour un réveil de la conscience nationale, un sursaut civique capable de redonner du sens à la souveraineté populaire.

Reprendre la souveraineté nationale : une urgence démocratique

Face à ce qu’il perçoit comme une dérive institutionnelle, Francis Lalanne appelle à rétablir la légalité républicaine.
Il réclame la destitution du président actuel, la révision du Traité de Lisbonne et l’organisation d’un référendum populaire sur la souveraineté française.
Son objectif n’est pas de rejeter l’Europe, mais de la refonder sur un principe clair : la coopération entre nations libres, et non la soumission à une autorité centrale non élue.

Pour lui, le retour à la souveraineté nationale est aussi une condition de la paix internationale.
L’Union européenne, sous influence de l’OTAN, serait devenue un instrument de confrontation géopolitique, notamment dans le contexte du conflit russo-ukrainien. En se réappropriant son indépendance diplomatique, la France pourrait, selon lui, redevenir un médiateur de paix, fidèle à la vision gaullienne d’une Europe indépendante des blocs.

Une conclusion engagée : redonner sens à la République

L’analyse de Francis Lalanne, aussi radicale qu’elle puisse paraître, touche un point sensible : celui de la crise de la représentation démocratique.
Depuis plusieurs décennies, la distance entre les citoyens et leurs dirigeants n’a cessé de croître. L’Union européenne, censée rapprocher les peuples, a souvent donné l’impression inverse : celle d’un pouvoir lointain, inaccessible, imposant des normes sans consultation.

Lalanne met le doigt sur une blessure profonde : la perte de confiance dans le système politique. En rappelant que la souveraineté n’appartient qu’au peuple, il ravive le débat sur le sens même du mot « République ».
Peut-on encore parler de République lorsque les décisions nationales sont subordonnées à une instance extérieure ?
Et peut-on encore parler de démocratie lorsque les citoyens ne peuvent plus s’opposer à des politiques qu’ils n’ont pas choisies ?

Ce que propose Francis Lalanne, c’est un retour à la source, une redéfinition du pacte social fondé sur la participation réelle du peuple aux choix politiques.
Ce n’est pas un rejet de l’Europe, mais une demande de transparence, de loyauté et de respect du vote populaire.
En ce sens, Mise en demeure dépasse le simple pamphlet : c’est un appel à la reconstruction démocratique, un cri lancé à une France qui, selon lui, doit choisir entre la servitude institutionnelle et la renaissance républicaine.

Analyse de conclusion – Une validité juridique contestée, une légitimité démocratique absente

Francis Lalanne a des raisons sérieuses de contester la validité du vote du 4 février 2008 ayant permis la révision préalable au Traité de Lisbonne.
Son argumentation repose sur plusieurs points constitutionnels solides :

1. Vice de mandat et irrégularité du Sénat.
Bien que la prorogation du mandat des sénateurs ait été validée par la loi organique de 2003, cette validation ne portait que sur la transition législative, non sur la légitimité constitutionnelle de sénateurs dont le mandat électif initial était expiré. Or, selon l’article 89 de la Constitution, une révision ne peut être adoptée que par un Parlement « régulièrement constitué ». La participation de sénateurs prorogés fragilise donc la validité du Congrès.

2. Vice de compétence du pouvoir constituant.
Même si le Conseil constitutionnel n’a pas compétence pour censurer une loi constitutionnelle, l’irrégularité d’un organe délibérant porte atteinte à la légitimité du pouvoir constituant dérivé. Le Conseil a toujours rappelé que la représentation nationale devait être régulière et effective ; or, celle de 2008 ne l’était plus pleinement.

3. Chaîne de validité rompue.
Si le vote du Congrès était affecté d’un vice de compétence, la révision constitutionnelle elle-même devient discutable, ce qui fragilise par ricochet la ratification du Traité de Lisbonne, pourtant fondée sur cette révision.

4. Légalité formelle vs légitimité démocratique.
Enfin, au-delà du pur droit, Lalanne invoque une rupture entre la volonté populaire exprimée en 2005 (rejet du Traité constitutionnel européen par référendum) et la ratification parlementaire de 2008. Cette contradiction heurte l’article 3 de la Constitution, selon lequel la souveraineté nationale appartient au peuple.

👉 En résumé, son action ne conteste pas seulement la légalité du vote, mais sa légitimité au regard du principe de souveraineté.
Le Traité de Lisbonne peut être juridiquement valide, mais il demeure politiquement et constitutionnellement discutable dans son esprit.



  • RV7

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