
Existe-t-il un plan pour dominer le monde ? L’analyse de Tom-Oliver Regenauer présente une crise multi-facettes visant à transformer l’humanité. Certes, il semble y avoir des structures de pouvoir et des États contradictoires, mais au final, on se dirige partout vers la technocratie et l’eugénisme. Dans ce contexte, Regenauer explique également des aspects tels que l’économie des plateformes, la guerre et le système financier comme moyens d’imposer cet agenda et il pense : „ Il faut donc agir, se lever du canapé et ne pas « consommer » la crise comme s’il s’agissait d’un film ! C’est notre vie à tous et on peut la façonner, car l’avenir n’est pas déterminé, on peut encore le changer maintenant.
On voit alors qu’ils ont tous le même agenda. Mais ça ne veut pas dire que ça ne peut pas provoquer une guerre. Car malheureusement, la guerre est la meilleure affaire pour la caste dirigeante.
Ce qui nous est présenté publiquement est en fait, en règle générale, quelque chose comme un feuilleton.
Si je veux continuer à me présenter dans les médias avec le modèle de la démocratie et dire qu’il s’agit de la meilleure démocratie de tous les temps, je ne peux évidemment pas aller dire que nous avons maintenant ici un gouvernement mondial, qu’il s’agit en quelque sorte de huit messieurs âgés qui se réunissent dans l’arrière-boutique et qui décident ensuite pour le monde entier. Bien sûr, ce n’est pas possible.
Il faut donc être actif, se lever du canapé et ne pas consommer la crise comme s’il s’agissait d’un film. C’est notre vie à tous et on peut la façonner, car l’avenir n’est pas prédéterminé, on peut encore le changer maintenant.
[Kla.TV :] Aujourd’hui, je suis allé en Suisse pour parler à un homme spécial. C’est quelqu’un qui connaît à la fois les détails et la vue d’ensemble, qui est capable de relier les différents aspects avec un fil conducteur. Né en 1978, il est musicien, auteur de plusieurs livres, chef d’entreprise, animateur radio, et conseiller en entreprise. Il a vécu et travaillé dans 20 pays différents, parle cinq langues et s’est ainsi forgé une image globale du monde. Ce n’est pas quelqu’un qui se contente de répéter les opinions des autres ou d’utiliser des récits, mais qui va lui-même au fond des choses. Bienvenue aujourd’hui dans le studio de Coire, Tom-Oliver Regenauer.
[Tom-Oliver Regenauer :] Merci beaucoup pour l’invitation.
[Kla.TV :] Avec plaisir. Aujourd’hui, nous abordons le thème des « structures de pouvoir » ou « Qui dirige le monde ? » Ma première question – commençons par la situation mondiale – il y a de nouveau la guerre dans le monde, en Ukraine, dans la bande de Gaza, au Yémen, on s’arme partout. L’UE vient à nouveau de décider d’injecter 150 milliards pour mettre en place des capacités de production d’armes, de logistique. Il y a en même temps ces tensions entre les grandes puissances que sont les États-Unis, la Russie, la Chine – elles augmentent énormément.
Mais aussi l’Europe, le Proche-Orient, en Inde, au Pakistan, en Iran, partout ça bouillonne violemment. Et en même temps, nous courons comme vers l’apogée de l’âge de la machine. Tout ce qui peut être numérisé le sera – de la monnaie, des monnaies numériques de banques centrales, à l’intelligence artificielle qui, à terme, devrait imprégner tout et tous. Nous avons entendu parler d’implants cérébraux qui font de l’homme une sorte de cyborg [être vivant complété ou augmenté par la technique] – une machine-homme ou un homme-machine, si tant est qu’il soit encore un homme. Et pour moi, la question s’adresse d’abord à vous : ces développements sont-ils le fruit du hasard et se déroulent-ils indépendamment les uns des autres ou y a-t-il une sorte d’agenda ou de plan derrière tout cela ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Cela dépend toujours de la perspective dans laquelle on se place. C’est ce que j’appelle toujours la polycrise [plusieurs crises simultanées qui s’influencent ou se renforcent mutuellement]. Il y a donc d’une part l’aspect technologique, qui va dans le sens du transhumanisme [efforts pour repousser les limites humaines grâce aux possibilités technologiques] ou qui résulte en principe du mouvement technocratique.
Cela a commencé en 1917 sur la côte Est des États-Unis avec le mouvement technocratique [partisan d’une forme de gouvernement dans laquelle le savoir technique est la base du pouvoir], qui s’est ensuite justement développé – si on suit cela en détail – dans l’industrie de la numérisation, l’économie des plateformes [modèle commercial qui permet l’échange de produits, de services ou de données au moyen de plateformes numériques] ou l’économie de l’observation [exploitation commerciale du comportement (d’achat) grâce à l’observation permanente et à l’analyse des données] – selon le terme que j’emploie. C’est certainement l’aspect technologique. D’un autre côté, il y a bien sûr l’aspect militaire, c’est-à-dire le complexe militaro-industriel – comme on dit. La guerre n’a jamais disparu.
Ce n’est donc pas comme s’il y avait à nouveau la guerre. Il y a toujours eu la guerre. Je crois – si je me souviens bien – que depuis leur création les États-Unis, n’ont eu que 17 ou 14 ans sans guerre. Ça en dit long. De ce point de vue, nous sommes en fait dans une situation de guerre 5G, c’est-à-dire de guerre de cinquième génération. Et il ne s’agit pas seulement de la guerre cinétique [combats militaires, physiques], c’est aussi de la guerre cognitive [visant à influencer les processus mentaux et émotionnels de l’adversaire], dont on parle aussi toujours. L’OTAN a son propre site web, qui s’appelle NATO Innovation Hub. C’est là qu’intervient la guerre cognitive. Et là, nous revenons très vite à l’aspect de la technologie, car nous connaissons tous dans la vie quotidienne ce que j’appelle toujours les « smombies » – de smartphone et de zombie – lorsqu’ils se promènent dans la rue. – La plupart des gens s’occupent avec leur smartphone, même lorsqu’ils promènent leur chien ou leur enfant. Et c’est une technologie invasive. Et ça agit naturellement sur notre cerveau, sur le physique et aussi sur les états mentaux des gens.
C’est pourquoi nous sommes confrontés à ce qu’on appelle une épidémie d’isolement. Les gens sont donc de plus en plus solitaires, ils se focalisent sur ce monde numérique coloré, que j’appelle alors « Truman Show » ; c’est aussi le titre d’un de mes livres – le dernier. Il est donc difficile de répondre brièvement à cette question. Parce que c’est un agenda tellement large de cette guerre 5G, qui va – d’un côté – clairement dans le sens d’une guerre cinétique et donc de changements radicaux dans l’économie mondiale, le système monétaire mondial. Et d’un autre côté, il y a la composante très forte de la guerre cognitive, où l’on travaille sur tous les fronts. Du côté de l’OTAN, du côté des grandes entreprises de technologie, et puis aussi, par exemple, sous une forme plus large, l’agenda transhumaniste, où nous arrivons rapidement à Neuralink [entreprise américaine de neurotechnologie] ou quelque chose de similaire. Où ensuite l’entreprise d’Elon Musk veut créer des implants cérébraux et la connexion avec l’IA, le cloud.
C’est alors la convergence bio-numérique, c’est-à-dire la fusion de l’homme et de la machine, au sens large. Et puis, bien sûr, à un moment donné, on se demande dans quelle mesure on est encore humain. C’est une question très complexe, sur laquelle je peux volontiers faire un exposé de deux heures. Il est donc difficile de répondre brièvement à cette question. Pour résumer, il est vrai que nous traversons une polycrise et que nous sommes probablement confrontés à des perturbations d’une ampleur sans précédent. La question est de savoir à quelle vitesse elles se produisent et sous quelle forme elles sont radicales. Donc cette numérisation – ou le côté technocratique-transhumaniste – sera certainement un processus insidieux, un changement successif, qui prendra aussi des générations avant de prendre racine. L’autre côté – la guerre cinétique – peut aller beaucoup plus vite, il manque le feu décisif au bon endroit et ça peut alors déclencher un incendie généralisé – que ce soit au Proche-Orient ou que le scénario soit celui de Taïwan, de la Chine, des États-Unis ou de la Russie, de l’OTAN ou de l’Ukraine, nous allons donc certainement vivre des temps radicaux et, « de manière peu élégante », probablement aussi des temps de guerre.
[Kla.TV :] Revenons au niveau national. Il y a bien ces nations qui s’opposent : États-Unis, Russie, Chine. Est-ce qu’ils servent tous un agenda différent ou est-ce que c’est fondamentalement la même chose ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Dans la perspective supérieure, j’appelle toujours cela le niveau 2D et 3D ou 4D de la politique ou de la géopolitique. Au niveau 2D, nous voyons des conflits réels – bien sûr maintenant entre l’Ukraine et la Russie – où des gens meurent, beaucoup trop de gens, dans une guerre cinétique qui est réellement menée. Mais au niveau supérieur, au niveau 3D pour ainsi dire, il y a justement les institutions en question comme l’ONU ou la Banque des règlements internationaux à Bâle. Et si on regarde l’histoire de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, par exemple, ce sont ces institutions et ces organisations qui négocient ensuite.
Là où il n’y a pas de guerre, où les responsables concernés se rencontrent et voient ensuite ce qu’ils font. Donc, cela signifie que du point de vue de la population qui travaille normalement et qui est en guerre, ça ressemble bien sûr à ça et il est également vrai qu’il existe un conflit cinétique, qu’il y a un danger de guerre entre la Chine et l’Amérique et qu’il existe un état de (qu’il y a la) guerre en Ukraine. D’un autre côté, il faut voir que ces 193 États membres de l’ONU se sont tous engagés dans l’Agenda 2030 et qu’ils le soutiennent et le mettent en œuvre en conséquence. On le voit très bien dans le fait que l’Amérique est en train d’introduire avec Palantir un « Immigration OS », c’est-à-dire un logiciel qui collecte un nombre inconnu de données sur l’immigration, pratique la mise en commun des données, et donne ainsi presque une belle image du citoyen transparent.
C’est encore pire. Tout est donc « mis en commun » – du tracker de fitness au smartphone – et toutes les données disponibles sont ensuite en principe déployées sur le thème de la migration de manière à lutter contre ce problème. La même chose se passe bien sûr maintenant en Allemagne, où l’on dit que nous aurons maintenant la carte d’identité numérique et le portefeuille numérique [portefeuille électronique sur un smartphone]. Nous avons alors besoin de cartes de paiement appropriées pour les migrants. La Russie fait exactement la même chose. Il y a deux jours, nous avons appris qu’en Russie, le thème de l’immigration faisait l’objet de vifs débats, qu’on y introduisait également la carte d’identité numérique, ainsi que l’argent numérique en roubles numériques. L’agenda est donc en principe en cours – si on regarde les 17 objectifs de durabilité et ensuite les sous-objectifs respectifs, le point 16 en particulier est très intéressant, parce qu’il traite des institutions etc. On voit alors qu’ils ont tous le même agenda. Mais ça ne veut pas dire que ça ne peut pas provoquer une guerre.
Car malheureusement, la guerre est la meilleure affaire pour la caste dirigeante. D’une part, dans le domaine de l’armement, les entreprises peuvent préalablement s’enrichir, tout comme le complexe pharmaco-numéro-financier, en pilotant le réarmement, ReArm Europe [nouveau : « Readiness 2030 », vise à renforcer les capacités militaires de l’UE et à accroître son autonomie stratégique], etc. avec Ursula von der Leyen. Ce sont des milliards, des centaines de milliards qui sont ensuite injectés dans ces groupes et dans une infrastructure boursière gonflée et des cours en hausse. D’un autre côté, la guerre elle-même est bien sûr une bonne affaire pour les gens du troisième niveau au-dessus. Car, d’une part, ils peuvent introduire des choses qui ne seraient jamais possibles normalement en temps de paix. A la guerre comme en amour, tout est permis et c’est malheureusement le cas ensuite. En temps de guerre, ils peuvent mettre en œuvre des choses qui ne seraient jamais réalisables autrement, comme le système financier de Bretton Woods après la Seconde Guerre mondiale.
Ou plutôt, c’était deux jours avant la fin de la Seconde Guerre mondiale officielle, alors que le nouveau système financier mondial était déjà négocié. – Ce qui montre bien que c’était la priorité. Non pas que la guerre prenne fin et que les morts s’arrêtent, mais qu’on mette en œuvre ce système ; Bretton-Woods [un système monétaire et financier international décidé en 1944] et, par conséquent, le système financier mondial actuel et donc – il faut le voir au niveau supérieur – la Banque des règlements internationaux (BRI). Pendant la guerre, les délégués et les représentants de ces pays se rencontrent dans une ambiance très harmonieuse et tiennent leurs réunions de conseil d’administration, où l’on décide et planifie alors des choses tout à fait différentes :
Que fait-on avec la guerre et après la guerre et qui en retire le plus ? Je peux encore vous renvoyer à mon article, qui s’appelle le bluff des BRICS [regroupement d’importants pays émergents comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud et, depuis 2024, d’autres pays]. Il s’agit du conglomérat au niveau financier, c’est-à-dire les banques asiatiques, la Banque des règlements internationaux, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la manière dont ils sont liés.
Et il y a là une belle citation de l’ancien chef de la banque centrale chinoise, qui a dit : « Nous ne sommes pas en concurrence avec le système financier occidental, nous le complétons. » Et quand on raconte toujours : « Oui, mais il y a le système alternatif, le système alternatif SWIFT des Chinois », il est tellement alternatif qu’il porte simplement un autre nom et fonctionne sur le réseau SWIFT. Techniquement, il s’agit donc simplement du réseau SWIFT sous un autre nom. Il n’y a pas d’alternative. Ils travaillent ensemble de manière très harmonieuse sur le plan et veillent à financer – comme par le passé – des guerres de part et d’autre. Qu’ils financent des changements radicaux des deux côtés et qu’ils les organisent et les structurent de manière à ce qu’ils profitent justement à toutes les parties concernées.
[Kla.TV :] Oui. Donc est-ce que ces… vous venez de parler de différents événements de changements radicaux – sont liés ou est-ce que ce sont des choses qui – comme je l’ai déjà demandé – sont parallèles et n’ont qu’un rapport accidentel entre elles ? Ou peut-on identifier un fil rouge qui traverse tout cela ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Oui on peut très clairement voir le fil rouge et c’est en fonction de la distance à laquelle on remonte. Si on remonte jusqu’à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l’un des thèmes déterminants est certainement l’eugénisme [l’idée d' »améliorer » la population humaine par une reproduction ciblée ou d’empêcher des caractéristiques indésirables]. L’eugénisme a été inventé par les Britanniques. C’était en principe la théorie des races, la sélection de l’espèce humaine et l’optimisation de l’espèce humaine. C’est ce qui s’est propagé de la Grande-Bretagne à l’Amérique. Là aussi, il y a eu un mouvement eugéniste et un Eugenics Council.
Il s’agissait donc d’institutions gouvernementales officielles qui s’occupaient d’optimiser l’espèce. Et bien sûr, de la caste qui a piloté et favorisé cela de manière déterminante – ce modèle d’eugénisme – l’objectif était bien sûr d’avoir en principe une classe ouvrière relativement stupide, peu exigeante et docile, et une caste dirigeante qui profite de cette masse disponible. L’eugénisme est donc certainement un facteur déterminant, que nous rencontrons aujourd’hui sous forme de bioéthique, de convergence bio-numérique. [Fusion de l’homme et de la machine] Et le terme transhumanisme en particulier a été inventé par Julian Huxley, le chef de la société eugéniste britannique. Il a été deux fois directeur de la British Eugenics Society, puis plus tard le premier directeur général de l’UNESCO.
Dans le document fondateur de l’UNESCO, le terme eugénisme revient très souvent et c’est bien sûr en principe un fil rouge qui traverse toute l’histoire depuis plus de 100 ans. Et quand, bien sûr, après Adolf Hitler et le régime du NSDAP [Parti national-socialiste des travailleurs allemands sous Adolf Hitler] et l’époque nazie dans le monde, on a constaté qu’il valait mieux ne plus parler d’eugénisme – parce que c’était bien sûr aussi ce qu’Adolf Hitler représentait dans sa variante de la théorie des races – on a alors dit que nous appelions cela… donc Julian Huxley a dit… nous appelons cela le transhumanisme.
Cela sonne nettement plus progressiste, moins suspect de doctrine raciale et ce sont pourtant en principe les agendas que nous rencontrons aujourd’hui sous de nouveaux habits. En fin de compte, ils sont tous basés sur l’eugénisme. Et la deuxième composante est la technocratie [forme de gouvernement dans laquelle le savoir technique est la base du pouvoir]. C’est ce qui a ensuite été créé à New York en 1917, puis est devenu Technocracy Inc. dans les années 30. Et ce sont… je ne dirais pas des plans, ce sont des concepts – ce sont finalement, je pense, les deux concepts sous-jacents dominants, qu’on utilise toujours au fil des générations et qu’on emballe de différentes manières. Mais en fin de compte, ce sont les facteurs déterminants qui prennent pied et déterminent le temps, tant dans la guerre cinétique, que dans la guerre cognitive, que dans le changement radical au niveau sociétal, social, psychologique. Donc, si l’on veut résumer, c’est l’eugénisme et la technocratie.
[Kla.TV :] Ce sont bien sûr maintenant deux mouvements qui se retournent finalement contre l’homme. On parle certes d’améliorer l’être humain, justement par le biais d’implants cérébraux, parce qu’il est justement transformé en cette « masse abrutie ». On voit que l’homme est délibérément exposé à des choses qui ne lui conviennent pas – comme le smartphone, qui transforme les hommes en « smombies » – pour leur offrir ensuite une solution qui, en fin de compte, va à nouveau à l’encontre de l’homme. Quel genre de personnes sont à l’origine de ce genre de choses ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Difficile, oui. On ne peut pas regarder dans la tête des personnes concernées et se contenter de suppositions. Mais on peut tirer beaucoup de choses de ces écrits. Et au final, il y a toujours quelque chose de ce… oui, on aime bien dire maintenant… néo-féodalisme [système politico-hiérarchique au Moyen-Âge dans lequel la possession de la terre était la base principale du pouvoir] ou néo-colonialisme. Et je dis toujours que c’est en fait le même colonialisme et le même féodalisme qui a toujours existé, seuls les outils de cette caste ont changé. – Donc ce qu’on peut faire aujourd’hui, bien sûr, en termes de propagande, de manipulation des médias, ce qui est, en fin de compte, de la guerre cognitive.
Car la plupart du temps, ce n’est pas le contenu du message qui compte, mais simplement la masse d’informations. Donc très peu de gens peuvent effectivement encore prioriser ce qu’ils absorbent comme nouvelles et filtrer ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Donc, de ce point de vue, la littérature de cette caste, qui écrit très ouvertement sur ce qu’elle prévoit, parle en principe toujours du fait qu’il y a une perception de soi d’un féodalisme, qu’on se sent donc élu. On aime bien dire « le sang bleu », la noblesse qui se croit au-dessus de la population normale, alors que je dis toujours que le droit à dominer n’existe pas. Personne n’a cela, ça n’a jamais existé, ça n’existera jamais. Tous les êtres humains sont égaux et ces personnes ne le voient manifestement pas de cette manière.
[Kla.TV :] Oui. Ensuite, dans les médias alternatifs, on parle très souvent d’un nouvel ordre mondial – c’est-à-dire d’un gouvernement autoritaire et centralisé – que dans les coulisses, certains clubs/clans se mettent d’accord sur des choses pour ensuite en faire profiter le monde. Les grands médias fustigent bien sûr cette théorie du complot. La question est : Quelle est votre opinion à ce sujet ? Qu’est-ce qui est vrai ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Oui, je veux dire que le terme de théorie du complot remonte à un document de la CIA, que je viens de relier à nouveau dans l’article actuel. Cela a bien sûr été lancé à l’époque afin de dénigrer les détracteurs de l’histoire de John F. Kennedy, c’est-à-dire tous ceux qui avaient des doutes sur le narratif officiel et le Rapport Warren, etc. étaient alors vilipendés comme conspirationnistes, de sorte qu’ils ont essayé de faire taire les contre-voix. Il s’agit donc bien sûr d’un terme de cadrage [placer un terme dans un certain contexte pour susciter certaines réactions émotionnelles], tout comme le terme de négationniste du Covid ou quelque chose d’autre l’a été lors de la crise du Covid. Ce n’est pas sérieux. Et puis, il faut bien le dire, le complot est la règle et non l’exception.
Si je suis salarié et que je suis dans une entreprise et que, d’une manière ou d’une autre, mon supérieur me dérange, que vais-je faire avec mes cinq collègues ? Je me concerte et j’essaie d’une manière ou d’une autre de former une unité qui puisse soit faire quelque chose contre, soit exprimer le fait qu’on n’est pas seul. On pourrait appeler ça une conspiration. Mais au final, il s’agit d’une coopération. La coopération est donc ce qui nous définit en tant qu’êtres humains. Ça se fait spontanément. Si nous voulons organiser quelque chose dans la commune, dans un cercle d’amis, c’est aussi spontané, en appelant ceux qui peuvent nous aider et ensuite nous créons un petit groupe, qui fait quelque chose. C’est donc la même chose que font ces gens. Et il y a d’innombrables cercles, bien sûr. Beaucoup d’entre eux sont désormais connus. Le plus connu est le Forum économique mondial. Pour moi, c’est plutôt le service marketing, c’est aussi très public. Ensuite, il y a les conférences Bilderberg. Ensuite, il y a Bohemian Grove. Il y a Le Cercle.
Il existe une multitude d’institutions, de think tanks et de fondations de ce type, dans lesquelles les gens se réunissent en petits groupes afin de définir un agenda au sens large, qui suit justement l’eugénisme et le transhumanisme. Et c’est ce que j’appelle tout simplement la coopération. C’est la chose la plus normale du monde. Le problème est bien sûr qu’en tant que population normale, nous nous concentrons sur d’autres choses. On se concentre sur le positif. Si nous créons des coopérations, nous voulons une coopérative, nous voulons faire bouger les choses au sein du cercle d’amis, peut-être faire quelque chose au sein de la commune et du conseil municipal. Ce sont des aspects positifs. C’est une coopération au bénéfice du groupe dans lequel on se trouve. Alors qu’il est tout à fait clair que ces cercles, qui se réunissent à huis clos pour coopérer, travaillent généralement contre la population normale.
Car ceux-ci imposent un agenda pour lequel nous n’avons pas tous voté, et dont nous ne savons souvent rien si nous ne cherchons pas activement, si nous n’effectuons pas de recherches et si nous ne nous y intéressons pas. Cela dit, pour moi, cela n’a rien à voir avec une conspiration. Il s’agit en grande partie de criminalité organisée. Car si j’ai un mandat en tant que politicien et que je dois représenter la volonté du peuple – si on voit les choses comme ça – alors je devrais bien sûr écouter la volonté du peuple. Mais il y a justement cette fameuse étude de Princeton, que j’aime toujours mentionner, de 2017 – je crois ou 2015 – qui a ensuite examiné quelle est la corrélation [correspondance] entre la volonté des électeurs et la politique réelle, et il n’y a pas de corrélation. A l’époque, le titre d’une publication américaine était : « L’Amérique n’est plus une démocratie, l’Europe devrait se méfier de ce qui va arriver ».
On peut donc parler de théorie du complot, mais il s’agit uniquement de personnes qui participent activement à la propagande et qui veulent ainsi nous discréditer. Ou alors ce sont les gens qui ne se sont pas penchés sur la question et qui, au sens large, essaient de comprendre ce que signifie la coopération quand on se croit dans une caste qui possède ou du moins contrôle la majorité des moyens de production, de la technologie, de l’industrie. Donc, oui, ce terme me fait plutôt rire. Je ne prends pas vraiment ça au sérieux.
[Kla.TV :] Or, il se trouve que cette caste n’est pas non plus très « clean », car le pouvoir incite à accaparer toujours plus de pouvoir – toujours que ce soit moi qui soit le seul. Comment cela tient-il ensemble ? Comment peut-on imaginer qu’il y ait apparemment un plan qu’ils suivent pendant des générations, alors qu’ils ne sont pas en mesure de coopérer réellement – comme maintenant par exemple au niveau de la commune, où l’on veut faire quelque chose pour le village. Comment faut-il s’y prendre ? Comment fonctionne une telle cohésion ?
[Tom-Oliver Regenauer :] En management, on dit volontiers « gestion par politique ». Donc on met des garde-fous et en principe, c’est un peu comme le transhumanisme ou l’eugénisme ou la technocratie. Cela signifie qu’on se déplace dans une direction à partir d’un certain narratif, d’une idéologie, d’un concept. Bien sûr, il y a des bifurcations et des obstacles entre les deux.
Alors bien sûr, il y a aussi les conflits internes. On le voit très bien en Amérique, où il y a le bloc conservateur, composé à l’époque de George Bush et Dick Cheney, etc. Et toute cette clique est le bloc de pouvoir conservateur et un clan familial qui se sert du pouvoir depuis plus de 100 ans – la famille Bush en particulier – en Amérique. Et puis il y a bien sûr le bloc de pouvoir plutôt orienté démocrate – par exemple Biden (maintenant dans le cas le plus récent), George Soros et Bill Gates, ce sont les financiers de cette bulle plutôt de gauche. Actuellement, ce sont les conservateurs qui sont au pouvoir. Ensuite, nous avons plutôt des financiers comme Peter Thiel, qui se considère ainsi comme un libéral-conservateur.
Il y a bien sûr une lutte de pouvoir interne, parce qu’en fin de compte, il s’agit de savoir qui est assis en bout de table et qui est aux commandes dans ce qu’on appelle le nouvel ordre mondial ou dans le système actuellement en place. Il y a donc certainement des conflits internes. Mais ce qui est très cohérent, c’est qu’on agit toujours en fonction d’un agenda. Donc que ça va toujours dans le sens de la technocratie. On le voit maintenant en Allemagne. En principe, peu importe qui est au pouvoir, même maintenant après les élections.
Ce qui est poursuivi, c’est l’économie verte avec le suivi du CO2, avec le commerce des émissions. Tout cela n’est pas supprimé ou modifié. – Au contraire, il y a maintenant la surveillance biométrique à plein temps avec l’E-ID et le portefeuille citoyen numérique [portefeuille électronique sur le smartphone] et d’autres instruments similaires. Les justifications : Nous avons cette crise migratoire, nous devons promouvoir la sécurité intérieure et mieux nous positionner.
Alors nous faisons la biométrie et l’E-ID pour – comme l’Amérique – prévenir les fraudes électorales, etc., alors que le gouvernement précédent a déployé le même système, la même biométrie, la même surveillance de masse, en raison d’un autre risque potentiel, à savoir le virus. On nous a alors dit que pour la santé et la santé globale, nous avions alors besoin de toute urgence de la surveillance biométrique et du suivi sanitaire et de la dystopie [vision fictive et généralement sombre de l’avenir] des codes QR. Donc on obtient le même modèle au final, ça ne change pas du tout. Ce qui change en principe, c’est uniquement l’instrument de marketing. Comment le faire accepter à la population d’une manière ou d’une autre.
[Kla.TV :] Cela signifie que les différents groupes, qui ne sont certes pas « clean » entre eux, ont un objectif commun. Ils veulent – j’ai l’impression – prendre le plus possible à la population normale. Que ce soit sur le plan cognitif ou matériel, pour le garder pour soi. S’agit-il plutôt d’individus, de familles, de grands groupes ? A quoi ressemblent ces structures de pouvoir ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Oh, mon Dieu, combien de temps va durer cet entretien ? Il y a un énorme réseau, on ne peut pas répondre de manière aussi précise. Donc, d’une part, il y a bien sûr des clans familiaux, comme les Bush, qui s’imposent depuis 100 ans, en principe, dans la politique américaine, qui s’accaparent les ressources et qui seraient un clan criminel qui revient de temps en temps au pouvoir ou qui a été au pouvoir. Les Kennedy ne sont guère mieux. Ils ont gagné leur vie en vendant de l’opium, des armes et de l’alcool de contrebande, et c’est là qu’ils ont grandi.
C’est toute la côte Est des Etats-Unis, basée en principe sur les successeurs de la « Compagnie des Indes orientales » [ancienne compagnie commerciale britannique ayant le monopole du commerce avec l’Inde.] et sur le commerce de l’opium. Il suffit de lire les médias grand public pour comprendre que Harvard, Princeton et toutes ces universités ont été fondées par d’anciens barons de l’opium. Et là, les Kennedy ne se privent pas. D’une part, il y a certainement ces clans familiaux.
D’autre part, il y a ces réseaux, comme la conférence Bilderberg. Il est donc naturellement intéressant d’avoir d’un côté un George Soros ou un Peter Thiel ou un Eric Schmidt, qui défendent en principe très publiquement des idéologies opposées. L’un est justement démocrate de gauche – dans le cas d’Eric Schmidt, ex-patron de Google – et l’autre est libéral-conservateur de droite, Peter Thiel. Ils sont donc diamétralement opposés dans l’opinion publique et dans les médias, mais se retrouvent ensuite à la conférence Bilderberg, où ils font tous deux partie du cercle de pilotage.
Ce qui implique qu’on y parle d’autre chose que de ce que nous voyons dans les médias, où la plupart du temps, il s’agit simplement d’un spectacle ou d’une tentative publique de s’assurer des parts d’électeurs ou de pouvoir. – Alors qu’en arrière-plan, on poursuit quelque chose comme la numérisation, le transhumanisme, et là on s’entend parfaitement.
En général, les gens sont aussi amis dans la vie privée. On le voit aussi toujours au Bundestag, quand on dit qu’on se dispute dans un débat télévisé – en quelque sorte les Verts contre la CDU et la gauche et l’AfD. Et puis, à la fin, ils se retrouvent quelque part autour d’une table, rient ensemble et s’amusent. En fait, c’est un club. Et ce qui nous est présenté publiquement est en fait, en règle générale, une sorte de feuilleton.
[Kla.TV :] Oui. Vous êtes très fort pour rendre ces choses publiques. Comment faites-vous pour que les gens vous écoutent ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Donc tout d’abord, je ne veux pas du tout qu’on m’écoute. En fait, je veux que les gens s’écoutent eux-mêmes et écoutent leur intuition, leur voix intérieure et leur propre conscience. Parce que, comme je viens de le dire, le droit à la domination n’existe pas. Personne n’a non plus d’ordre à vous donner, ni à me donner. La seule chose qui devrait nous guider dans la vie est notre compréhension personnelle de la réalité.
Et c’est à chacun de décider de manière très subjective. Cela signifie que ce que je fais, en principe, c’est rassembler des informations, puis les mettre à disposition – et surtout aussi toutes les sources que j’utilise pour arriver à ma conclusion – de manière à ce que le lecteur puisse se rendre compte par lui-même et décider ensuite s’il arrive à la même conclusion. Je la trouve en général très logique et je ne vois pas comment on pourrait en trouver une autre. Mais chacun est libre d’en décider.
Je ne veux pas du tout que les gens me croient. La pire chose à faire est d’adopter des opinions, de les adapter et de croire n’importe qui. Il ne faut écouter que soi-même. Et ce que je trouve important, c’est que nous utilisions aussi les bons termes. Donc si je me qualifie moi-même d’affabulateur, de théoricien du complot ou autre, je rends évidemment service aux gens. Vous ne trouverez pas ces termes dans mes textes. Car il s’agit toujours non pas de conspirations, mais de criminalité organisée.
Et en principe c’est très simple : Follow the money. On suit donc l’argent, ce que ferait n’importe quel criminologue, n’importe quel commissaire qui veut résoudre un crime. Je fais de même. Et avec chacun de mes articles, vous pouvez intenter un procès devant un tribunal et vous avez de bonnes chances de le gagner, car en principe, tout est également prouvé. Et pas avec une quelconque vidéo YouTube de Monsieur XY, qui a entendu quelqu’un dire un jour que c’était peut-être le cas, mais en général avec les documents originaux de l’UNESCO, de la CIA, etc.
On peut alors lire soi-même ce que ces personnes font et écrivent réellement, ce qu’elles annoncent, ce qu’elles admettent et reconnaissent rétrospectivement – ce qui n’arrive souvent que des décennies plus tard. Il faut donc aussi utiliser les bons termes. C’est pourquoi j’utilise des termes tels que l’économie de l’observation [exploitation commerciale du comportement (d’achat) grâce à l’observation permanente et à l’analyse des données]. En principe, ce n’est pas simplement de la surveillance à plein temps, c’est gagner de l’argent en surveillant à plein temps.
Car les grands groupes technologiques qui exploitent aujourd’hui l’or de notre temps – les données – en tirent bien entendu des revenus considérables. Mais ils transmettent aussi ces données au gouvernement ou aux services de renseignement. Ces derniers ont donc naturellement la possibilité de s’en prendre à l’hérétique, au critique sceptique qui fait d’une manière ou d’une autre des déclarations qui délégitiment l’État. C’est donc un réseau très malsain. Et Benito Mussolini l’a décrit à l’époque comme la forme parfaite du fascisme : « Corporatisme. Quand l’État et les entreprises fusionnent pour former une structure de pouvoir malsaine ». Et c’est exactement ce que nous avons.
C’est pourquoi cette structure de pouvoir est si énorme, si confuse et si difficile à délimiter, parce que depuis longtemps la politique ne décide plus de rien. En fait, les décisions sont prises depuis longtemps par des organisations supranationales, leurs agents, leurs think tanks et quelque chose comme l’ONU, qui nous présente ensuite un Agenda 2030 et des objectifs de durabilité pour lesquels aucun d’entre nous n’a jamais voté, mais qui sont ensuite mis en œuvre, imposés par les gouvernements nationaux. En principe, cela va à l’encontre de la volonté de la population, qui n’a pas voté pour cela et n’a aucun droit de regard. Donc pour moi, la politique n’est que le bras exécutif d’une structure supranationale, qu’on n’appelle justement pas gouvernement mondial, mais gouvernance mondiale.
Et cela aboutira certainement à un moment donné à une structure de gouvernance mondiale de plus en plus forte. Au plus tard lorsque nous devrons un jour payer une taxe sur la durabilité à l’ONU, ce dont on a déjà parlé. Mais les gouvernements nationaux continueront bien sûr d’exister. Parce que c’est ce qu’on voit. C’est là que je peux simuler la démocratie et voter tout en donnant à l’électeur le sentiment qu’il participe, ce qui n’est pas le cas en fin de compte.
[Kla.TV :] Cela signifie donc que le gouvernement mondial unique que certains craignent et qui siégerait quelque part à Genève ou à New York n’existera probablement pas, mais qu’il continuera d’y avoir ces subdivisions que nous avons déjà ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Exactement, ça, ça ne marchera pas. Donc si je veux continuer à me présenter dans les médias avec le modèle de la démocratie et dire que c’est la meilleure démocratie de tous les temps, je ne peux évidemment pas aller dire que nous avons maintenant un gouvernement mondial, que ce sont huit messieurs âgés qui se réunissent dans l’arrière-boutique et qui décident ensuite pour le monde entier. Ce n’est évidemment pas possible. Les gens le savent bien sûr. C’est pourquoi il y aura bien sûr toujours des gouvernements nationaux, mais toujours de nouveaux instruments qui exigent et garantissent une souveraineté supranationale. C’est le cas de ce traité de l’OMS qui, dans le domaine de la santé, fait en sorte que ce ne sont plus les gouvernements nationaux, mais une construction supranationale qui dicte ce qui se passe dans les différents pays.
[Kla.TV :] Oui. Pourquoi, selon vous, les gens acceptent-ils cela ? Ils sont de plus en plus nombreux à se rendre compte qu’ils ne sont pas satisfaits de leur gouvernement et pourraient même se réjouir d’un nouveau départ et approuver un gouvernement mondial.
[Tom-Oliver Regenauer :] Oui, il y en a étonnamment beaucoup qui ne trouvent pas ça si mal. Mais ce sont généralement les personnes qui ne regardent pas de plus près. Celui qui se considère comme un démocrate – en particulier en Suisse, comme un démocrate de base – souhaite exercer une influence dans sa commune.
Cela signifie qu’il veut participer à la discussion, à la décision, faire valoir ses points – pour, contre – et trouver ensuite un consensus d’une manière ou d’une autre. C’est en fait cela la démocratie. C’est un processus, souvent aussi un conflit, une discussion, un discours qui doit être résolu quelque part. Et bien sûr, cela ne se passe pas comme ça. Je pense que beaucoup de gens n’y voient pas vraiment clair, parce qu’ils n’ont évidemment pas le temps dans leur vie professionnelle normale. Qui a le temps de passer quatre, six ou huit heures le soir à faire des recherches sur quoi que ce soit, à moins que ça ne soit bien présenté dans un livre ?
[Kla.TV :] Quand on parle avec les gens dans la rue, on a l’impression que tout le monde suit le mouvement d’une manière ou d’une autre, qu’il y a certes un mécontentement latent, mais qu’ils ne font pas vraiment quelque chose. Les médias nous font croire que les journalistes indépendants, comme vous et moi, représentent tout au plus 20 % de la population. Est-ce que c’est vraiment le cas ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Non, je ne suis pas d’accord. Je cite toujours volontiers l’exemple des votations populaires en Suisse – à l’époque sur le thème de la loi Covid. C’est là qu’a eu lieu le premier référendum, qui a même commencé par rejeter la loi. J’ai regardé ces projections – ou ces prévisions – et à un moment donné, je crois que le résultat était le suivant : 47% ont rejeté cette loi, ce qui signifie qu’elle a finalement été adoptée. Mais ce sont 47% de la population qui se sont déjà opposés à l’époque, lors du premier référendum, à la mise en place de ce régime – ce suivi de la surveillance et, au final, ce système de contrôle. Et je pense qu’une grande partie de l’image médiatique de cette bulle critique est totalement exagérée.
Car bien sûr, il faut donner aux gens le sentiment qu’ils sont la partie bizarre, folle et critique de la population et que c’est la minorité absolue, oui. On se sent alors impuissant. Cela crée naturellement un sentiment d’impuissance, de faiblesse et de détresse et fait que les gens sont plutôt inactifs et restent assis chez eux sur le canapé, dans l’apathie, et naturellement s’énervent de ne rien pouvoir faire. Mais je vois les choses très différemment, car comme je l’ai dit, lorsque vous vous promenez en ville, dans l’espace analogique et que vous parlez avec des gens, il est plutôt rare de rencontrer quelqu’un qui trouve tout ça vraiment bien, qui est tout à fait enthousiaste vis-à-vis du gouvernement allemand, du gouvernement américain, que ce soit Trump ou celui d’avant, du gouvernement suisse.
Vous ne rencontrerez pas grand monde dans les lieux publics, dans les bars, dans les trains, qui soit tout à fait enthousiaste à ce sujet. Les personnes – c’est ce que j’ai observé – qu’on y rencontre et qui en parlent vraiment de manière positive, c’est la minorité. C’est 20, 18, 25, 15 pour cent, selon l’endroit où on va, peut-être 30 pour cent. Je pense toutefois qu’il s’agit d’une minorité. Et je pense que 60, 70% de la population a compris qu’elle était trompée, que c’était une façade et que ce mécontentement était très important. Je pense que sur ces – disons 60% ou 70% – une grande partie de ce bloc n’ose pas encore l’exprimer publiquement. Parce qu’il y a bien sûr la peur que l’employeur en ait vent, qu’on ait des désavantages au travail, qu’on ne puisse peut-être plus faire partie du club de tennis ou de tir, qu’on soit peut-être considéré dans le cercle d’amis comme le lépreux qui défend des théories bizarres.
Mais je pense que si – et c’est mon expérience – si on en parle ouvertement, on s’aperçoit très vite que de très nombreuses personnes sont très critiques. L’important, c’est de ne pas utiliser les termes que la caste dirigeante nous suggère, que l’appareil de propagande utilise. Donc ne parlez pas de changement climatique, si quelqu’un vous parle de changement climatique, parlez de protection de l’environnement. Si quelqu’un parle d’accumulation de capital et de méchants milliardaires comme Elon Musk, alors parlez des méchants milliardaires comme Soros et Gates, qui finissent par s’organiser et collaborer de manière criminelle pour mettre en place des choses pour lesquelles nous n’avons pas tous voté.
Et essayez justement de désigner les choses par des termes plus appropriés. Ce ne sont pas des théories du complot, il s’agit de crime organisé et de journalisme d’investigation, il s’agit de criminologie. Il ne s’agit pas non plus nécessairement d’un État de surveillance, mais d’une économie de l’observation, car il s’agit justement d’une interaction très étroite entre les entreprises et l’appareil d’État et les services secrets. Donc, si on essaie d’aborder les gens avec le bon vocabulaire, on peut aussi parler de manière très constructive avec – entre guillemets – la partie adverse. J’en fais régulièrement l’expérience lorsque je parle avec des personnes qu’on pourrait qualifier de « woke » [conscience accrue du racisme et du manque de justice sociale] ou « d’une toute autre rive », qui peuvent super bien en discuter avec moi, parce que je suis aussi pour la protection de l’environnement et que personne n’aime les microplastiques dans la nourriture.
Je ne suis pas non plus favorable aux super-milliardaires comme Musk, Soros ou Gates, qui avec leur argent peuvent s’acheter une influence telle qu’ils tuent des gens en Amérique ou en Afrique avec des médicaments, par le biais de campagnes quelconques qui n’ont en fait que des effets négatifs. De la stérilisation aux décès, tout ce qui s’est passé dans le passé. Si on essaie seulement d’aller chercher les gens… et je pense que chacun doit se regarder un peu en face… parce que, bien sûr, beaucoup de personnes sont encore très déçues par la crise du Covid, par leurs voisins, par leur employeur…
Mais quand on est un peu mieux informé et un peu plus perspicace que les autres et qu’on a compris ces choses, on a aussi la responsabilité de céder un peu et d’être le plus raisonnable et d’aller quand même vers les gens. Parce que nous sommes une même espèce, nous devons en quelque sorte partager cet espace vital ensemble. Et si nous sommes toujours plus divisés entre pro et anti-Covid, pro et anti-migration et pro-Trump, anti-Trump et Merz et BlackRock en Allemagne. Plus on introduit de tels récits de division dans la population, plus nous avons affaire à nous-mêmes et à des conflits horizontaux.
Alors que le problème – nous l’avons vu en 2008 avec le mouvement Occupy Wall Street – le problème est au-dessus. Et la dernière fois que les gens, de gauche et de droite, ont levé les yeux ensemble, c’était pour Occupy Wall Street. Il y a eu un grand élan transcendant commun, où les gens ont reconnu : Ce sont les banques centrales, ce sont les grandes banques qu’on nous demande de sauver avec notre argent, avec nos impôts, à hauteur de milliards. Et ils n’avaient pas ce conflit horizontal.
Et ensuite, en particulier en Amérique, il y a eu à nouveau le mouvement du Tea Party, et le mouvement « woke » qui progresse tant. [conscience accrue et progressiste du racisme et du manque de justice sociale]. Et encore une fois, les gens sont en conflit horizontal et se tapent dessus au lieu de s’attaquer réellement au problème, qui est généralement en regardant vers le haut.
[Kla.TV :] Oui. Et dans quelle mesure sommes-nous maintenant à la merci de ce processus ou pouvons-nous nous défendre, nous armer contre tout ça ? Nous sommes d’accord avec ça et c’est pourquoi nous lui donnons le pouvoir. D’un autre côté, si nous prenons le pouvoir, nous leur retirons ces possibilités, pour ainsi dire. Plus il y a de gens qui le font, plus le processus s’étend et se développe. Que conseillez-vous aux gens, que doivent-ils faire ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Alors tout d’abord, il faut bien sûr comprendre que plus il y a de propagande, plus on lance des récits douteux et schizophrènes dans l’espace, plus il y a de gestion de l’indignation. Alors aujourd’hui, c’est le thème A, il faut s’indigner. Le lendemain, c’est le sujet B, il faut s’indigner. Plus ça a lieu, plus c’est le signe qu’une certaine panique règne là-haut dans la tour d’ivoire, parce que bien sûr, depuis des décennies, les valeurs de confiance dans la politique et l’État sont en baisse. La cote de confiance dans le service public de radiodiffusion est en baisse. La participation électorale diminue.
Cela signifie que de plus en plus de gens se rendent compte de ce qui les gouverne et que ça n’a pas grand chose à voir avec la démocratie. Et la plupart le font naturellement avec une certaine résignation – c’est-à-dire avec déception – car on ne veut tout simplement plus s’en occuper, mais on se concentre alors sur la vie privée, sur les choses sur lesquelles on peut exercer une influence.
Et en fait, c’est vrai. Si je ne m’occupais pas de ces choses en tant que journaliste, je ne les regarderais pas non plus, parce qu’en fait, ce qu’on nous présente est souvent une insulte à notre propre intelligence, une mise en récit grotesque [qui transforme des faits en histoires captivantes, mais pas forcément vraies]. Mais ce qu’il faut vraiment conseiller aux gens, c’est de reconnaître que nous sommes toujours plus nombreux !
Si vous prenez la situation d’un gouvernement avec ses forces de police ou ses fonctionnaires et que vous la comparez au nombre de personnes qui vivent dans ce pays, sa population, vous constatez un énorme écart entre l’appareil – l’appareil d’État, le système, quel que soit le nom qu’on lui donne – et la population, qui a en fait le pouvoir. C’est d’ailleurs l’idée de la démocratie, que c’est le peuple souverain qui décide. En Suisse en particulier, ce sentiment est très prononcé. Et on a très vite l’impression que la Fédération nous dicte sa loi si on ne nous demande pas notre avis.
Maintenant, nous avons ces accords-cadres de l’UE, on dit alors : « On essaie d’une manière ou d’une autre de contourner le référendum et ça ne doit pas passer devant le Conseil des États. » On essaie de s’en sortir d’une manière ou d’une autre. Et les gens doivent simplement participer activement. La démocratie est un processus. Si on a ce « meilleur modèle » – et c’est probablement l’un des meilleurs que nous connaissions et possédons, et qu’on a également une certaine expérience pratique –, si on souhaite participer et contribuer activement à un résultat positif, alors on doit s’impliquer, et ce, localement. Car on ne peut pas influencer le Conseil fédéral à Berne depuis Coire.
Mais ce qu’on peut faire, c’est attirer l’attention de l’administration communale sur ce point, apporter une contribution et mettre l’accent sur ce point. Et si suffisamment de communes le font, si suffisamment de chefs de communes agissent à leur tour dans le canton et si le canton agit à son tour à Berne, alors on a vraiment le pouvoir de faire bouger les choses. Donc la période Covid aurait sûrement été très différente s’il n’y avait pas eu autant de médias libres et autant d’opposition. Il faut donc être actif, se lever du canapé et ne pas consommer la crise comme s’il s’agissait d’un film. C’est notre vie à tous et on peut la façonner, car l’avenir n’est pas prédéterminé, on peut encore le changer maintenant.
[Kla.TV :] Oui, merci beaucoup pour votre analyse et merci d’avoir partagé vos connaissances avec nous. Avez-vous encore quelque chose à dire aux spectateurs pour finir ?
[Tom-Oliver Regenauer :] Oui, c’était en fait presque une déclaration finale, mais il faut reconnaître qu’on est soi-même le pouvoir, le changement, l’avenir positif et que la vie est belle. La vie est belle et tout le reste qu’on essaie de nous faire avaler – que ce soit la peur, qu’on veuille nous faire peur avec les guerres, la peur de la numérisation, etc. – tout ça est un moyen de domination. La vie est belle.
On devrait mener une vie motivée, heureuse, épanouie avec sa famille, avec l’entourage local dont on dispose, et ne se laisser en aucun cas pousser dans cette attitude de peur ou de résignation dans laquelle les médias… dans laquelle l’appareil de propagande veut nous pousser, parce qu’alors, à la fin, ils auront atteint leur objectif. L’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible – comme l’a dit un jour Antoine de Saint-Exupéry. Et je pense qu’il faut le faire en étant actif et en menant une vie heureuse, car une vie heureuse est la véritable révolution.
[Kla.TV :] Merci beaucoup pour cette interview. Bonne chance à vous, Monsieur Regenauer.
[Tom-OliverRegenauer :] Merci pour l’invitation.
de dec./sl.
Sources/Liens :
Commander le livre de Tom-Oliver Regenauer „HOPIUM“, en allemand : https://shop.tredition.com/booktitle/HOPIUM/W-647-217-513
Page web de Tom-Oliver Regenauer https://www.regenauer.press/
Biographie de Tom-Oliver Regenauer https://www.regenauer.press/profil
„Structures du pouvoir et médias – Qui dirige vraiment ?“ Tom-Oliver Regenauer en interview : https://www.youtube.com/watch?v=5VkRni0dbNY
Source : kla.tv
